Méga mortelle

LUCILE JOUSMET

Quand devons-nous entrer en deuil ? 

Quand en sortir ? 

Quelle démonstration de nos sentiments est acceptable ? 

Le deuil, processus universel, désigne la perte d’un être cher et l’affliction profonde qui en découle. Lucile Jousmet dans Méga Mortelle se concentre sur l’expression visuelle des états émotionnels confus, souvent enchevêtrés, qui accompagnent le deuil. 

Cette exposition s'inscrit dans la continuité de sa dernière série, La forêt. Elle y interrogeait la condition humaine face à la nature sauvage ; soulignant le décalage entre la présence humaine façonnée par la société capitaliste occidentale et un environnement naturel où l'individu peine à retrouver sa place. Dans Méga Mortelle, ce questionnement prend une dimension plus personnelle, intimement liée au vécu de l'artiste : une grossesse, le deuil familial, la pandémie et enfin, l'entrée dans la maternité.

Pinceau au corps, L.Jousmet dissèque ses peines, transformant ses propres émotions en une catharsis picturale. En se plongeant dans cet examen introspectif, elle aborde un sujet à la fois tabou et universel : la mort. Plutôt que d'adopter les motifs traditionnels de la vanité ou du memento mori, l’artiste détourne l’attention vers une sensibilité à laquelle nul ne peut rester indifférent. Ses œuvres ne se contentent pas de rappeler notre condition mortelle ; elles soulignent également l'empreinte indélébile laissée par ceux que nous perdons.

Dans un contexte où la mort est souvent considérée comme l'ultime obscénité, quelque chose que l'on n'évoque qu'à demi-mot, Méga Mortelle devient un espace de confrontation, un lieu où l’art et la thérapie se rejoignent. La pratique artistique se présente alors comme un moyen de guérison, une manière de transcender la douleur du deuil pour en faire une œuvre à la fois intime et universelle.

L.Jousmet, par son approche, nous rappelle que si la mort est une fatalité inéluctable, l'art peut en être une résilience. Une résilience à l'oubli, une résilience à la douleur brute, transformée en quelque chose de profondément humain, quelque chose qui, paradoxalement, nous unit tous. Dans un mycélium de condoléances, la solidarité fait front, les humains font corps.

Dora Plisson-Azara

PRATIQUES

Du 16/10 au 03/11

Mercredi, samedi et dimanche.

De 14 h à 18h

Galerie + Voûte

Organisateur :
Lucile Jousmet